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Les militaires à la retraite réduits à des vassaux dans une cour impériale

INTRODUCTION :
Le dernier rapport publié par la Cour des comptes, malgré sa partialité, a tiré la sonnette d’alarme pour alerter sur la mauvaise gouvernance qui caractérise l’action publique dans tous les secteurs d’activité de notre pays.

Les retraités militaires, à l’instar de leurs pairs, travailleurs retraités des autres segments de l’État, ont arrosé notre patrie de leur sang et de leur sueur pendant bien des décennies de sacrifices et de douleurs.
Ces vaillants défenseurs de la nation se trouvent, à présent réduits à la portion congrue des détracteurs du pays.

Étant donné la pertinence de l’analyse de mon confrère et frère tout court, le colonel Seyid Beibecar, à mon tour, je tenterais de faire une esquisse des problèmes auxquels les militaires à la retraite sont exposés, puis d’évaluer les initiatives des autorités publiques pour l’insertion de cette population, avant de proposer certaines mesures pour emmener les soldats de la nation à bon port.

En effet, le nombre de militaires passés à la retraite est de plus en plus grandissant et expose cette partie des forces armées et de sécurité à d’énormes problèmes liés au cadre de vie, au rang social et au rôle important qu’ils peuvent occuper dans le développement du pays, Grace au trésor de compétences, acquises pendant la carrière.

Par ailleurs, l’âge reculé des mariages (environ quarante ans), dicté par le coût élevé de la vie dans notre pays, jugé parmi les plus chers de la région, constitue un facteur aggravant.
Les gâchis pendant les cérémonies de mariage, instaurés par les détenteurs de l’argent mal acquis, qui leur confère un ascendant moral et un standard à suivre dans notre société, contribue aussi à renforcer cette tendance.
La vie conjugale qui commence à un âge tardif fait que le premier enfant aurait 18 à 20 ans, au moment de la retraite de ses parents. Ainsi, tous les enfants restent en charge sur le ménage.
La solde des retraités couvre à peine la facture de l’eau et de l’électricité. Un panier de médicaments, dont le prix crève les yeux, attend toujours avec son cortège de dépenses.

La restauration et les autres charges attendent des jours meilleurs, grâce au concours précieux du boutiquier du coin.
Ce tableau sombre et pour tant réaliste brosse à grands traits les détails du quotidien du militaire à la retraite.

Cette situation précaire réduit ces individus à des sujets vulnérables face aux prédateurs de la liberté et de la dignité humaine.
L’exercice des droits civils passe impérativement par la reconnaissance et le respect de ces droits fondamentaux, pourtant garantis par toutes les législations. Dans notre société où, malheureusement, la matière prend le dessus sur les valeurs morales.
Ces militaires, formés sur les valeurs du sacrifice et de l’éthique, se trouvent inscrits dans un schéma réducteur de leur rang social.
Le rôle de vassal dans une cour impériale est désormais comparable à la situation de beaucoup de ces (sujets).

Pour pallier certains problèmes de cette tranche sociale, des mesures ont été prises par les autorités publiques.
L’insertion de quelques militaires à la retraite, a eu lieu dans des sociétés de gardiennage.
Cette initiative est loin d’apporter les solutions nécessaires, ni aux bénéficiaires ni à la sécurité des établissements publics ou privés en charge. Les retraités désignés comme vigiles, ne disposent plus des qualités requises pour assurer cette tâche, car à soixante ans, ni la vision, ni l’audition, ni le reste du corps, ne permettent plus cet emploi.
Le salaire mensuel ne suffit même pas à couvrir le transport, la restauration ou le thé pour le poste de garde dont les membres habitent souvent aux quartiers périphériques.
Hormis, la prise en charge partielle des soins pour les retraités et leurs familles, les autres mesures peuvent même provoquer l’inverse des objectifs visés par les initiatives.

Les organisations syndicales ou regroupements, crées sous l’œil vigilent des pouvoirs publics, sont généralement de simples associations à la solde des politiques qui n’ont d’autres missions que de détourner l’attention des militaires retraités des véritables objectifs et intérêts.
Ces anciens soldats de la nation, qui continuent à se morfondre dans un état de marasme conduisant à la déroute, ont besoin d’une politique réelle, bien planifiée et bien conduite, pour rompre avec la paralysie et rentrer de pleins pieds dans la vie active du pays.

Pour ce faire, la création d’un secrétariat d’État chargé des affaires des retraités, avec compétence de ministre, reste souhaitable.
Une législation prenant en compte les modalités pratiques d’une organisation à même de régler tous les problèmes de cette population serait nécessaire.
Favoriser l’organisation de cette communauté en Groupes d’intérêt économiques, coopératives agro-pastorales ou d’autres formes serait de nature à mieux tirer profit de ses compétences qui s’éteignent au fil des années.
Amadou Hampaté Ba écrivait : « quand un vieillard africain meurt c’est une bibliothèque qui brule ».

La création, donc de microprojets dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche serait de nature à profiter des compétences en (gestion des ressources humaines, planification et conduite des projets, surveillance administrative et logistique et bien d’autres domaines de compétences…) acquises pendant le service militaire d’une part et de faire accéder ces militaires à la propriété foncière, afin de les emmener à bon port , d’autre part de telles projets ce réaliseraient à moindres frais et auraient un apport positif pour tout le monde.
Les retraités ne sont autres que les anciens militaires en activité.
Lors d’une visite à l’école d’état-major de SOMIR en France, seul le directeur des études était en activité, pendant l’exercice de synthèse. Le reste du personnel était constitué d’officiers à la retraite en uniforme.

Conclusion :
La population des militaires retraités, qui n’est autre que nos pères, mères, frères ou sœurs, ayant consacré leur vie à prendre tous les risques pour que nous dormions en paix, mérite à plusieurs, égards un traitement meilleur et une attention particulière des acteurs à tous les niveaux de décision.
L’organisation et La mise en valeur du trésor de compétences que recèlent ces anciens soldats seraient impératives, pour atteindre les objectifs du développement à travers l’autosuffisance, d’une part, et permettre aux retraités et à leurs familles d’intégrer la vie active de la nation, à la marge de la quelle, ils sont naufragés.
Par ailleurs, nos valeurs religieuses et patrimoine culturel mettent au-devant le respect des anciens.

C’est ainsi que l’adage africain disait que : « le respect des ainés est une vertu bien africaine ».
Colonel er Mohamed Cheikh Greiva

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