Sahara occidental: « Tant que Conseil de sécurité ne changera pas d’approche, l’impasse persistera »

Sputnik – Dans cet épisode de L’Afrique en Marche, l’ambassadeur du Front Polisario auprès de l’Onu à Genève, Oubi Bouchraya Bachir, analyse les dessous et les enjeux des récentes prises de position américaine et française sur le Sahara occidental. « En général et dans le fond, il n’y a pas eu un changement significatif dans la position des deux pays ».
« Les récentes prises de position des États-Unis, de la France et même de l’Espagne à l’égard de la question du Sahara occidental s’inscrivent dans un cadre strictement unilatéral alors que le cadre multilatéral, celui de l’Onu, de l’Union européenne (UE), de l’Organisation des pays non alignés (OPNA), demeure solide et constante: non reconnaissance du fait accompli colonial marocain sur ce territoire et choix d’une solution politique dont le pilier central est le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et la décolonisation de son pays », affirme à Radio Sputnik Afrique Oubi Bouchraya Bachir, ambassadeur du Front Polisario auprès de l’Onu à Genève.
Et de souligner: « Les revirements survenus dans les positions de Washington et de Paris sont le résultat d’une lecture géopolitique conjoncturelle. En effet, pour les États-Unis, il s’agit surtout de continuer à promouvoir aussi bien en Afrique du Nord qu’au Moyen-Orient les accords d’Abraham de normalisation des relations avec Israël. Ceci ouvre une possibilité au Maroc officiel de se lancer dans une manœuvre strictement politicienne pour faire fructifier son alignement sur la position israélienne, dans le contexte de la guerre à Gaza, au détriment des droits du peuple palestinien. Quant à la France, le mobile principal est la perte de sa zone d’influence traditionnelle en Afrique de l’Ouest et sa volonté de se replier en conservant le Maroc comme une position avancée en Afrique du Nord, lui permettant un certain monitoring de la situation. En général et dans le fond, il n’y a pas eu un changement significatif dans la position des deux pays, tous les deux alliés inconditionnels -militaires et diplomatiques- du Maroc « .
Dans le même sens, l’ambassadeur du Front Polisario auprès de l’Onu à Genève, rappelle que « l’actuel envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, l’Italo-Suédois Staffan De Mistura, est le sixième diplomate international de haut rang à occuper ce poste. Avant lui, il y a eu d’autres poids lourds comme James Baker (USA), Dennis Ross (USA) et Horst Kohler (Allemagne). Tous ces diplomates chevronnés ont fini par jeter l’éponge à cause du manque d’engagement et de détermination du Conseil de Sécurité de l’Onu pour l’application des résolutions concernant le règlement final du dossier du Sahara occidental.
Si Staffan De Mistura démissionne, cela sera également la faute du Conseil de sécurité, dont certains membres -notamment les États-Unis et la France- affichent une préférence pour le Maroc qui agit en dehors de la loi et de la Charte de l’Onu.
Ceci rappelle la conclusion du médiateur de l’Onu Peter van Walsum: « Les Sahraouis et Le Front Polisario ont une cause très solide légalement, mais le Maroc a des amis puissants ». Tant que le Conseil de sécurité ne changera pas d’approche, l’impasse persistera et les Sahraouis n’auront pas d’autres choix que celui de continuer à résister avec la même conviction et la même détermination ».